« Perejil » en mémoire des victimes du massacre des Haïtiens en octobre 1937 en République dominicaine. Le PGNE s'engage pour commémorer cette date. - ExplosionInfo

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« Perejil » en mémoire des victimes du massacre des Haïtiens en octobre 1937 en République dominicaine. Le PGNE s'engage pour commémorer cette date.

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Par : Villardouin CERSINE ; Journaliste d'investigation 

Le massacre des Haïtiens de 1937, aussi connu sous le nom de massacre du Persil, est un ensemble de meurtres perpétrés en octobre 1937 en République dominicaine, après la décision du président dominicain, Rafael Leónidas Trujillo Molina (1891-1961), d'éliminer physiquement les Haïtiens travaillant dans les plantations du pays. Ce massacre est surnommé Kouto-a (« le couteau ») par les Haïtiens et El Corte (« la coupe ») par les Dominicains. Il se déroula principalement le long de la rive dominicaine de la rivière Dajabon qui marque le tracé septentrional de la frontière entre les deux pays. Plus de 20 000 Haïtiens, hommes, femmes et enfants, furent tués au cours de cette épuration ethnique.


La Plateforme Genre du Nord-Est (PGNE) ne restera pas indifférente à cette date importante, qui commémore le massacre surnommé Kouto-a (« le couteau »). Le PGNE a organisé une conférence de presse le samedi 5 octobre 2024, dans la ville d'Ouanaminthe, afin d'annoncer les différentes activités qui seront menées cette année. La conférence portera sur les causes et les conséquences de ces violences et annoncera la mise en place de cliniques mobiles pour les survivants, qui recevront des soins de santé et des kits alimentaires dans les localités d'Osmond et de Ferrier, dans le département du Nord-Est.

L'agronome Noë Blanc retrace l'histoire du massacre à l'arme blanche en indiquant que celui-ci a commencé le 2 octobre 1937, lors d'une visite de l'ancien président Trujillo dans la province de Dajabón. Ce dernier y a prononcé un discours raciste contre tous les Haïtiens présents sur son territoire, affirmant : « J'ai appris que les Haïtiens volent et mangent les vaches dominicaines. Je vais régler cela avec eux. Nous avons commencé à traiter ce problème dans la région de Banica et nous n'allons pas nous arrêter. » À ce moment-là, de nombreux Dominicains ont crié « Vive Trujillo ! », et c'est à partir de ce discours que les soldats dominicains ont commencé à massacrer les Haïtiens, y compris les bébés, qui n'étaient pas épargnés.


Pour Noë Blanc, deux raisons principales ont provoqué ce massacre : la délimitation des frontières et le phénomène migratoire. Selon l'histoire, l'ancien président haïtien de l'époque, Sténio Vincent, s'est comporté comme un petit sous-fifre en retirant la plainte déposée contre la République dominicaine le 3 janvier 1938. À ce moment-là, la République dominicaine a accepté d'indemniser les survivants à hauteur de 750 000 dollars, et trois colonies agricoles ont été créées pour accueillir ces personnes.

Dans une interview accordée au journal ExplosionInfo, deux survivants, âgés de 102 et 111 ans, ont déclaré que, pendant près d'une semaine, du 2 au 8 octobre 1937, des Haïtiens avaient été tués à coups de fusils, de machettes, de gourdins et poignardés par les troupes dominicaines, des civils dominicains et des membres des autorités politiques locales. « Pour augmenter le nombre de morts et empêcher les Haïtiens de fuir le pays, le principal pont entre la République dominicaine et Haïti, sur la rivière Dajabón », a été fermé, disent-ils.

Après le massacre des Haïtiens en 1937, un survivant de 108 ans, qui vivait dans le bien rurale de famille  4ème section de Savane-la-Lait (Prévoyance), a témoigné : « J'avais 19 ans lors de ce massacre. Je me souviens des Dominicains tuant les Haïtiens près du fleuve. C'est grâce à mes parents que nous avons pu fuir et devenir réfugiés dans cette colonie. Après 80 ans de vie là-bas, il ne suffisait pas d'avoir des hommes armés de fusils pour nous chasser de notre terre. » À l'époque, l'ancien président Sténio Vincent avait accordé aux rescapés une indemnité de 50 centimes.

Ces deux survivants ont souligné que le massacre des Haïtiens était une action calculée par le dictateur Rafael Trujillo pour homogénéiser la population de cette zone frontalière et détruire cet embryon de « République haïtienne », dont les autorités dominicaines de l'époque décrivaient l'importance de l'immigration haïtienne dans leur pays. « La majorité des Haïtiens tués durant cette semaine sanglante sont nés en République dominicaine », ont-ils affirmé au micro du journal ExplosionInfo.


L'épuration ethnique est aussi connue sous le nom de « massacre du Persil » ou « opération perejil » car les soldats dominicains avaient un brin de persil qu'ils présentaient aux suspects, ces derniers devant dire en espagnol soit que c'était du « persil » (en espagnol : perejil), soit dire « Qu'est-ce que c'est ? » en espagnol. C'était un véritable schibboleth, difficilement prononçable pour tout Haïtien, en raison de la présence de la lettre R et du son guttural de la J en espagnol dans le mot persil ou perejil.

En fin de compte, le président américain Franklin D. Roosevelt et le président haïtien Sténio Vincent ont demandé des indemnités à la hauteur de 750 000 dollars, dont seulement 525 000 dollars (8 031 279 dollars en 2011) n'ont jamais été payés ; soit 30 dollars par victime, dont seulement 2 centimes ont été donnés aux survivants, en raison de la corruption de la bureaucratie haïtienne.


Ce fut l'occasion pour le PGNE de demander à d'autres organisations de la société civile de continuer à signer la pétition lancée, afin d'atteindre plus de 100 000 signatures. Cela permettrait que le processus de reconnaissance des massacres à l'arme blanche soit mené à bien, afin que le gouvernement dominicain indemnise les victimes de 1937.Durant ces deux journées les rescapés ont signé un acte de consentement pour se porter comme partie civile dans ce procès et ils ont donné mandat à leurs enfants et descendants.

Depuis 1946, le dossier pour ouvrir le jugement à la cour pénale internationale est déposé à New-York, à l'ONU. Il est peu probable qu'un jugement voie le jour, d'autant plus que depuis 1937, de nombreux auteurs des massacres sont décédés.


Rappelons que le président dominicain Luis Abinader a annoncé, le 2 octobre 2024, que son gouvernement procédera à la déportation massive de 10 000 Haïtiens par semaine. Cette mesure, immédiatement mise en œuvre, vise à lutter contre l’immigration illégale en provenance d’Haïti, un problème que le gouvernement dominicain considère comme critique pour la sécurité du pays.

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