Ouanaminthe Nord'Est, ce vendredi 7 juin 2024----
Nous, membres de la Plateforme Genre du Nord-Est, une structure qui se compose de 7 Réseaux
et 40 OCBs œuvrant sur les droits humains, plus précisément ceux des femmes, souhaitons attirer
votre attention sur une question de grande importance: la proposition de fusionner le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes avec un autre ministère. Cette décision, si elle est mise en œuvre, risquerait de compromettre les avancées significatives obtenues en matière de droits des femmes et d'égalité des genres en Haïti.
Pour bien comprendre l'importance de ce ministère, il est crucial de revenir sur le contexte de sa création.
Le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes a été institué le 8 novembre 1994, dans une période où Haïti s'engageait fermement vers la reconnaissance et la protection des droits humains, et plus spécifiquement, des droits des femmes. Cette initiative faisait suite à une forte mobilisation de la société civile et des organisations féministes qui, depuis des décennies, luttaient pour que les inégalités de genre soient reconnues et traitées au plus haut
niveau de l'État.
Depuis sa création, ce ministère a joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre de politiques publiques ciblées. Il a été à l'avant-garde de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux
filles, la promotion de l'égalité des sexes, et l'autonomisation des femmes à travers des programmes éducatifs,économiques et sociaux. Le ministère a également contribué à l'élaboration de lois et de règlements visant à protéger les droits des femmes, et a sensibilisé la population sur l'importance de l'égalité des genres.Fusionner ce ministère avec un autre pourrait entraîner une dilution de ses missions spécifiques, une réduction des ressources allouées, et une moindre visibilité des questions de genre dans les politiques publiques. Un ministère distinct dédié aux droits des femmes est essentiel pour assurer une attention soutenue et spécialisée aux défis uniques auxquels sont confrontées les femmes haïtiennes. Rappelez- vous de cette déclaration: “Dans mon gouvernement, la priorité sera accordée aux femmes et aux Jeunes."
En tant que Plateforme Genre du Nord-Est, nous avons été témoins des nombreux défis que rencontrent les femmes de notre région et des progrès réalisés grâce à l'action dédiée du
ministère. La fusion proposée risquerait de compromettre ces progrès et de décourager les efforts
de ceux et celles qui travaillent sans relâche pour une Haïti plus équitable.
Nous vous exhortons donc à reconsidérer cette proposition et à maintenir le Ministère à la
Condition Féminine et aux Droits des Femmes en tant qu'entité distincte et autonome. Il est impératif que les droits des femmes et l'égalité des genres demeurent des priorités nationales,soutenues par une structure gouvernementale solide et dédiée. En guise de cette malheureuse décision, nous vous recommandons d’augmenter le budget du MCFDF, pas question de le considérer comme un Ministère Transversal.
Nous vous remercions par avance pour l'attention que vous porterez à cette lettre et pour votre engagement à promouvoir l'égalité des genres en Haïti.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de nos salutations distingué.
Me Jesula Blanc Coordonnatrice Générale, PGNE
Ing Fania Finfin
Secrétaire Générale, PGNE