L’accord de Montana doute de la volonté de la force multinationale de combattre l’insécurité en Haïti si elle collabore avec les artisans du chaos haitiens.
PORT-AU-PRINCE, samedi 7 octobre 2023– Réagissant à la résolution 2699 adoptée par le conseil de sécurité des Nations-Unies autorisant le déploiement d’une force multinationale en Haïti, l’accord de Montana indique qu’« Il apparaît clairement que cette résolution, exprimée d’une manière inédite dans l’histoire des Nations-Unies, est le résultat de tractations laborieuses et de compromis entre les puissances internationales. Elle reflète les réserves de certains acteurs étatiques ainsi que les mises en garde des organisations représentatives de la société civile. »
Selon l’Accord de Montana, ‘‘la séquestration du droit à l’autodétermination de la nation haïtienne par certains acteurs dominants de l’international, en violation de la charte même de l’ONU, a été l’objet de négociations diplomatiques qui ont abouti à l’engagement qui est pris de respecter la souveraineté, l’intégrité et l’unité territoriale de l’État et du peuple haïtien.’’
‘‘Mais comment une force multinationale armée non-onusienne peut-elle intervenir dans un pays en garantissant sa souveraineté et son intégrité ?’’ s’interroge l’Accord de Montana.
Dans un communiqué, l’accord de Montana, se disant fondé sur la recherche d’une solution haïtienne à la crise multidimensionnelle que subit le pays, affirme ‘‘qu’il a toujours dénoncé la volonté de certains acteurs locaux et internationaux de bloquer cette démarche de reconquête de notre souveraineté et de notre dignité de peuple.’’
Montana a sans cesse démontré que l’équipe au pouvoir qui n’a jamais rien fait pour freiner la descente aux enfers du pays ne jouit d’aucune crédibilité pour engager l’avenir de la Nation’’, lit-on dans ce communiqué.
‘‘ Le bilan de massacres, d’assassinats, de crimes de toutes sortes, d’impunité de ce pouvoir de facto indique clairement que l’insécurité, dans cette forme invivable, aggravée, est une construction politique permettant aux dirigeants actuels de perdurer au pouvoir et de prévenir toute velléité de la population d’exprimer ses revendications’’, déplore l’Accord de Montana.
« Ce pouvoir en place ne pourra jamais se déprendre de ses accointances traditionnelles en vue de neutraliser les gangs de toute obédience, traquer leurs fournisseurs locaux et internationaux de tous bords, rassurer les acteurs politiques et conduire le pays vers des réformes préalables à des élections non contestées, déclare-t-il, rappelant qu’aucune sanction prise par l’international contre des membres du pouvoir en place ou des membres des secteurs économiques, politiques ou de groupes armés n’a fait l’objet de poursuites judiciaires sur le plan national. »
« Dans de telles conditions, ajoute l’Accord de Montana, comment ne pas douter des velléités de cette mission de combattre l’insécurité et de soulager la population, si elle accepte de collaborer avec ceux-là mêmes qui ont précipité le démantèlement des institutions étatiques, aggravé le chaos et provoqué la désespérance de la population. »
L’Accord de Montana estime que ce n’est point ‘‘l’élargissement de la combine politique mal nommée Accord du 21 décembre, ignorée d’ailleurs tant par ses concepteurs que par ses propres signataires qui serait de nature à absoudre ce pouvoir de facto de ses forfaitures et de son lamentable échec à la tête du pays.’’
Il appelle les citoyens à exercer une vigilance active dans la défense des intérêts de la Nation haïtienne, soulignant que « l’entêtement à soutenir à bras le corps un régime de facto honni, de connivence avec des gangs qui terrorisent la population, héritier d’un coup d’état sanglant, fortement suspecté de crimes contre l’humanité, entache de doutes légitimes, voire de suspicion, même les meilleures dispositions contenues dans la résolution. »
Selon l’Accord de Montana, dans toute démarche visant une résolution de la crise au bénéfice de la population haïtienne, le fait d’accepter pour interlocuteurs nationaux privilégiés les responsables avérés de l’aggravation de cette dernière indiquerait en soi, au-delà des bonnes intentions exprimées, ce vers quoi on se dirige.
Comme nous ne cessons de le répéter et tel qu’on peut, d’ailleurs, le relever dans la résolution, la question de l’insécurité est avant tout politique et procède de la collusion du pouvoir en place avec un certain secteur mafieux de l’économie criminelle transnationale’’, écrit-il.
L’Accord de Montana estime que ‘‘la fin de l’impunité que suppose le divorce de l’appareil d’État, du personnel politique, des institutions d’avec ce secteur mafieux, constitue le préalable indispensable à la réussite de toute entreprise tendant sérieusement à sortir Haïti du chaos.’’
L’Accord de Montana préconise l’avènement préliminaire d’un gouvernement de sauvetage national, issu d’un consensus suffisant. Ce gouvernement sera formé de personnalités honnêtes, crédibles, compétentes, non partisanes jouissant de la confiance de la population, capables de mobiliser la réserve inépuisable d’énergie patriotique et civique du peuple haïtien, pour le relèvement du pays et de la société, suggère-t-il.
« Ce gouvernement de sauvetage national discutera avec les acteurs internationaux, qui sont parties prenantes de la crise haïtienne, les modalités de l’assistance nécessaire à l’État Haïtien pour qu’il assure ses missions régaliennes et mette fin à la souffrance de la population », déclare l’Accord de Montana, ajoutant que la nation a besoin de se sentir représentée, d’avoir un maximum de confiance en ceux qui sont appelés à engager aussi durablement son avenir et qui sont animés du souci de la protéger