Réouverture des Classes: Dans le département du Nord’ Est, les soucis économiques, parents et élèves face à une rentrée incertaine pour cette année
Ouanaminthe Nord'Est, ce vendredi 1e Septembe 2023.
À environ deux semaines de la réouverture des classes pour l’année académique 2023-2024, soit le 11 septembre, la fièvre de la rentrée est moins visible que d’habitude. La production des « tailleurs » (Bòs Tayè) chute. Les vendeurs d’accessoires scolaires s’inquiètent. Les parents préoccupés sont dans le plus profond désarroi et les élèves, quant à eux, sont pessimistes. Un véritable flou enveloppe la réouverture des classes. La radiographie peint un tableau sombre. Cependant, la réalité sur le terrain contrarie les espoirs dans le département du Nord'Est
Parents et élèves face aux difficultés économiques et le phénomène de l’insécurité bat son plein.
Au cœur du marasme politique et économique dans lequel se trouve le pays figurent les parents, qui doivent jouer pieds et mains en vue de faciliter à leurs enfants le pain de l’instruction. Au regard de la situation, le pessimisme est à son comble chez Jean -Pierre Elvariste, père de deux enfants. «Twal chè, inifòm tèt nèg, menm chosèt se pa pale », nous décrit Jean-Pierre appelant l’Etat à assumer ses responsabilités. « La réouverture des classes est impossible », affirme Jean Robert présentant l’insécurité comme principal obstacle. «Nou pa jwenn lajan poun voye timoun yo lekol ale wé poun ta jwenn kòb poun ba yo manje pou yo ale lekòl ? », se questionne Mr Jean-Pierre Elvariste.
À Trou-du-Nord, un élève promu en 7e année fondamentale qui a parlé au journal explosionimfo a déclaré que sa mère avait 5 enfants, 4 d'entre eux ne sont jamais allés à l'école. Doc, il est le seul à s’y rendre parce que ses parents n'ont pas d'argent à cet effet. Il demande au gouvernement d'Ariel Henry de les aider pour pouvoir tous les 5 aller à l'école cette année.
« Je n’ai encore rien fait pour mes enfants à ce stade de la rentrée », lâche Joseph Marline questionnée par le journal explosioninfo présentant sa situation économique précaire comme la principale raison. « Dans les grands pays, avant la rentrée des classes, le gouvernement supporte les parents. Ici ce n’est pas le cas », avance Mme Marline se payant la tête des hommes et des femmes au pouvoir.
À Mont-Oganisé, le journal a interrogé Mme Mimose Auguste, mère trois enfants, selon elle, le hic reste et demeure avant tout l’aspect économique. La jeune dame de 42 ans rapporte que l’école de son fils a augmenté l’écolage de 45 %. « Le père de mon fils vient tout juste de décéder et il était l’homme à tout faire de la famille », confie Mme Mimose d’un air triste visiblement abattue. Assurer l’écolage de son fils cette année représente un véritable casse-tête. « M pa konn sa pou m fè, se ta kite payi sa a ou byen mwen touye tèt mwen », avoue-t-elle.
Dans la circonscription de Ouanaminthe, chez les élèves, l’inquiétude est à son comble. Retrouver leurs camarades, investir des salles de classe en ces temps de totale incertitude ne semble pas être pour demain. Edelin Jn-Simon promu en S4 (équivalent Philo) pense que la réouverture des classes de cette année demande à priori de sérieuses dispositions. « il faut que le gouvernement aide les parents sur le plan économique et prenne des mesures pour sécuriser les écoles », exige le jeune homme qui s’attend à une année scolaire mouvementée au vu de ce qui se dessine bien avant la rentrée.
« Certains de mes camarades ne sont pas encore passés chez le tailleur pour la confection de leurs uniformes », rapporte un élève de 8 ème année relatant le cri des élèves dans le pays précise qu’ils ne sont pas encore « prêts ». « Avant, mes camarades se demandaient quand l’école rouvrirait ses portes. Là maintenant, c’est tout l’inverse », confie-t-il.
Alors que la réouverture des classes est prévue pour le 11 septembre prochain, aucune disposition n’est encore prise ni du côté des parents ni de celui des autorités concernées pour permettre aux élèves des secteurs publics et privés d’aller à l’école.
La crise socio-économique aggravée par la situation sécuritaire du pays met en doute la réouverture des classes qui est prévue pour le 11 septembre prochain. Si comme pour chaque année, la date a pour habitude d’être reculée au point même que l’année académique commence en janvier [comme c’était le cas de l’année dernière], le MENFP ne cesse d’assurer que cette année sera différente.
Parents et élèves se posent des questions : l'école peut-elle ouvrir ses portes cette année avec l'insécurité et les problèmes économiques qui touchent le pays ?
Pour la rentrée des classes, les conditions nécessaires et minimales pour lancer la nouvelle année académique ne sont pas au rendez-vous. C’est le constat dressé et partagé en conférence de presse par les dirigeants de l’Union Nationale des Normaliens/nes et Educateurs/trices d’Haïti (UNNOEH).
Explosioninfo Medias/Actualités
Par : CERSINE Villardouin.
