BRH / APB : Prouvez que le problème du numéraire en dollars en Haïti est réel et général pour que la société (notamment les déposants) prenne vos déclarations au sérieux !’’
Ouanaminthe, le 7 Juin 2023---Après le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) , c’est au tour de l’Association Professionnelle des Banques (APB) d’évoquer le problème de la rareté du numéraire en dollar américain lors d’une note de presse publiée, en deux langues officielles, en date 26 avril 2023. Sans prendre le temps qu’il faut pour prouver que cette pénurie de cash en dollars est générale, L’APB s’est empressée d’une part, d’officialiser et de justifier la décision des banques de limiter les tirages en dollar effectués par les clients tout en reconnaissant son impact sur la relation clientèle-banque. D’autre part, elle demande tacitement à la clientèle de supporter le coût de son refus d’obtempérer en lui proposant d’autres moyens de paiement.
En temps normal, les déclarations et les conseils d’un gouverneur d’une banque centrale ou d’une association reconnue d’utilité publique comme l’APB devraient être prises au sérieux. Mais dans un contexte où la méfiance est dominante dans la relation clientèle-banque en Haïti, on doit s’attendre à ce que certaines décisions des autorités monétaires ou bancaires soient toujours qualifiées d’intéressées, méchantes et mesquines… peu importe leur bonne foi. En outre, les préoccupations des clients quant à la véritable intention des acteurs du système bancaire, en limitant leurs tirages en devise étrangère, s’avèrent davantage légitime en considérant que les gains sur change ont contribué à hauteur de 85.6% du Produit Net Bancaire pour les deux premiers mois de l’exercice en cours.
De ce fait, il revient au système bancaire haïtien de prouver, à tout le monde notamment aux non-initiés en finance/économie, que le problème du cash en dollars est à la fois réel et général. Certes, divers explications et conseils ont été fournis par les banques, le Gouverneur de la BRH et plusieurs économistes pour sensibiliser et informer le public sur le problème. Ils sont malheureusement insuffisants puisque les non-initiés en finance-économie ne comprennent que certains signaux forts en lieu et place de ces discours. Je me permets de proposer 3 d’entre eux :
1. *Arrêtez d’exiger du cash en dollar pour effectuer un transfert vers l’étranger et accepter provisoirement la monnaie nationale au taux de référence de la BRH pour cette transaction.*
C’est incompréhensible et vraiment absurde d’exiger à un simple citoyen de trouver du cash en dollars pour faire un transfert vers l’étranger alors que le système financier se plaint d’une pénurie importante du numéraire en dollar américain. Puisque, selon vos propres mots, il n’y a pas de problème de liquidité mais du cash en USD, alors, vous pouvez recevoir de la gourde pour ce type de transaction en utilisant un taux indiqué par la Banque Centrale jusqu’à ce que le problème de cash en devise américaine soit totalement résolu.
*2. Réduire de manière significative les frais de service des autres moyens de paiement que vous mettez à la disposition de ceux qui veulent tirer un montant supérieur à la limite imposée par les banques pour les tirages en dollars.*
En proposant à la clientèle d’autres moyens de paiement pour faire une transaction, pour un montant supérieur à la limite imposée par les banques pour les tirages, sans annuler ou réduire considérablement les frais de service y relatifs, vous ne faites que demander aux clients de payer de leurs poches votre incapacité « temporaire » de leur fournir un service qui leur revient de droit. C’est ce qui entrave votre bonne foi présumée et par conséquent donne raison à ceux qui croient que le problème du cash en dollar est créé à dessein.
*3. Autoriser provisoirement l’utilisation des cartes de débits en dollar pour les détenteurs d’un compte USD jusqu’à ce que ce problème du numéraire en devise américaine soit résolu.*
Cette décision permettra à son utilisateur de faire sans problème ses achats de biens et services en dollar, sans manipuler du cash, tout en le mettant à l’abri d’un taux de change arbitraire imposé par les banques pour les cartes de débit en gourdes.
Conscient de mes limites dans ce domaine, mon humble intention n’était de dire que les explications techniques fournies par l’APB, BRH et les économistes sur le problème du numéraire en dollars en Haïti sont insuffisantes pour calmer les esprits et encourager la clientèle à suivre vos conseils au lieu de recourir à des méthodes plus radicales. Ces explications techniques doivent être accompagnées des signaux forts et clairs pour prouver sans équivoque que le problème est réel, général et non provoqué à dessein. Les premières sont pour les initiés en économie/finance alors que les seconds sont pour les non-initiés ou le commun des mortels. Les trois signaux proposés ci-dessus sont très loin d’être exhaustifs. Ce n’est qu’une petite contribution à la recherche d’une solution acceptable afin de prévenir d’autres formes de frustrations et de grognes difficiles à gérer dans ce contexte BWA KALE que traverse le pays actuellement.
James Dobson BELIZAIRE
Diplômé en Gestion des Affaires à
l’Institut National d’Administration, de Gestion
et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI)
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