EDITORIAL
Furieux du comportement de l’État dominicain qui maltraite les ressortissants haïtiens sur son territoire, des habitants de la ville de Ouanaminthe avaient fermé la frontière ne laissant passer aucun produit en provenance de la partie Est de l’île ce lundi 21 novembre 2022. Une décision jugée nuisible pour l’économie dominicaine et qui n’a non plus plu à des grands commerçants haïtiens de Trou du Nord qui de l’avis de certains ouanaminthais sont monnayés par des hommes d’affaires dominicains et Haïtiens pour entreprendre des mouvements visant à boycotter l’action de solidarité des habitants de Ouanaminthe qui voulaient lancer un message fort aux autorités dominicaines.
Après quelques jours de fermeture, les produits organiques dominicains (Choux, carottes, citrons, entre autres) destinés à Haïti, commençaient à se décomposer.
Plusieurs rencontres se sont déroulées entre deux délégations gouvernementales venues de Port-au-Prince. Toutefois, cela n'avait pas permis de régler le problème.
Samedi 26 novembre 2022, soit 5 jours après la fermeture, des hommes encagoulés munis d’armes de gros calibres sont venus et ont ouvert la barrière. Ainsi indique un habitant de la ville, au moins une vingtaine de containers ont pu franchir la frontière sans avoir rempli les procédures légales. Pour certains, cet acte serait l’œuvre de l’ancien sénateur Wanique Pierre dont le bastion est dans la commune de Trou du Nord.
Des membres de la population et de l’organisation de la société civile de Ouanaminthe avaient érigé un nouveau blocage à la frontière pour continuer de protester contre les mauvais traitement infligés aux migrants haïtiens vivant en République Dominicaine et qui sont déportés massivement et en-dehors de toutes les normes internationales des droits des migrants.
Selon plusieurs sources contactées par la rédaction du journal explosioninfo, de nombreuses pressions ont été exercées sans succès sur les protestataires tant du côté des dominicains que du côté des haïtien pour faciliter la réouverture de la frontière.
Tous ces problèmes qui poussent Ing.-Arch. Wideline Pierre, Directrice départementale du Nord-Est du ministère de l’environnement à démissionner de son poste en signe de protestation au comportement jugé complaisant des autorités haïtiennes face aux déportations massives des travailleurs migrants haïtiens en République Dominicaine.
''Ma confiance patriotique est plus importante"a-t-elle précisé" !
Il est vrai que certains pensent qu’elle a été contrainte de rendre son tablier, mais son geste est salué par de nombreux citoyens le qualifiant "d’héroïque" soulignant que cela n’arrive pas souvent à un responsable haïtien démissionner de ses fonctions en guise de solidarité pour résoudre un problème collectif.
Ce lundi 28 novembre 2022, soit 2 jours après une deuxième fermeture, la frontière Ouanaminthe-Dajàbón a été réouverte pas des Haïtiens anti-nationalistes, apatrides, inconscients et corrompus et qui faisaient des affaires sur la frontière.
"Le barrage a été levé à notre insu, mais nous ne baisserons pas les bras tant que les dominicains continueront de violer les droits de nos compatriotes", a déclaré la source qui souhaitait garder l’anonymat.
Le jour même de la réouverture de la frontière Ouanaminthe-Dajàbón (28 novembre 2022), des manifestants de la ville de Belladère ont fermé le portail sur la frontière Belladère-Elias Piña afin de protester également contre les mauvais traitements subis par les ressortissants haïtiens en République Dominicaine et la vague d’expulsions massives déclenchée par le gouvernement louis Abinader.
La réouverture de la frontière Ouanaminthe-Dajàbón pour des habitants notamment des structures organisées de la société civile de Ouanaminthe est un acte de lâcheté face aux autorités dominicaines qui maltraitent les ressortissants haïtiens. Elles se montrent également très critique à l’égard des autorités haïtiennes qui, selon eux (les habitants), par leur mutisme, s’affichent comme des serviteurs serviles de l’État dominicain.
Ces habitants promettent de revenir à la charge et bloquer l’accès aux containers dominicains tant que les actes racistes se poursuivent contre leurs compatriotes qui, pourtant font tourner l’économie dominicaine.
La situation demeure tendue à Ouanaminthe où les citoyens se préparent à d’autres actions pour porter les dominicains à traiter les migrants haitiens avec respect et aux autorités haïtiennes à assumer leurs responsabilités.
Le 10 novembre dernier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a exhorté les autorités de la République dominicaine à cesser de déporter de force des Haïtiens à l’extrémité ouest de l’île d’Hispaniola.
“Il y a une semaine, j’ai appelé à l’arrêt des expulsions vers Haïti, compte tenu de la crise humanitaire et des droits de l’homme que traverse le pays. Je suis préoccupé de voir les retours forcés d’Haïtiens en Haïti depuis la République dominicaine se poursuivre”, a déclaré Turk dans un communiqué.
En réaction, le président dominicain Luis Abinader a averti hier que la République dominicaine entendait non seulement poursuivre les déportations d’Haïtiens non-documentés, mais « les augmenterait », en réponse à la demande du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, qui a appelé à l’arrêt des expulsions.
Abinader a jugé les demandes de Turk « inacceptables et irresponsables », rappelant que « les politiques migratoires de chaque pays sont un pouvoir de chaque gouvernement ».
Turk a exhorté ces mesures un jour après que le gouvernement a annoncé que du 1e août au 31 octobre, Migration a rapatrié 60 204 Haïtiens par le biais d’opérations nationales et de détentions frontalières.
Comme l’a promis Abinader, les déportations forcées n’ont pas cessé. Ces derniers mois, les autorités dominicaines expulsent au moins 700 haitiens par jour.