Haïti : “Si c’est la vie, qu’est-ce que l’enfer ?”
Un texte d’opinion de J.P. Slavin publié dans Univision,
Republie par rhinews.
MIAMI, dimanche 14 août 2022– Haïti est au bord de l’effondrement alors que la violence des gangs a éclaté dans toute la capitale, faisant des centaines de morts et de blessés ces dernières semaines et une population vivant dans une terreur perpétuelle. Les États-Unis ont une histoire d’intervention en Haïti, alors qu’est-ce qui retient le président Biden ?
Pour la troisième fois en 30 ans, est-il temps pour les États-Unis de faire le plein de leurs avions de transport militaire C-130 et de mettre en place les systèmes de navigation aérienne pour la nation caribéenne d’Haïti ? Les soldats américains sont prêts à être déployés, verrouillés et chargés.
Il suffit que le président Joe Biden, l’interventionniste réticent, donne les ordres. L’armée américaine est prête, la stratégie militaire rédigée et sans doute justifiée en vertu du droit affirmé d’intervention humanitaire pour mettre fin aux violations fondamentales des droits de l’homme et pour protéger les individus contre des dommages imminents.
Pour obtenir l’approbation de l’Organisation des États américains (OEA), il faut également le consentement du gouvernement d’Haïti. Mais ce n’est qu’une formalité diplomatique car l’actuel Premier ministre d’Haïti, Ariel Henry, peut littéralement entendre les coups de feu approcher de gangs de rue lourdement armés qui, le mois dernier seulement, étaient sur le point d’envahir le cœur de l’État haïtien, y compris le palais national et le trésor.
Haïti, avec sa fière histoire du XIXe siècle en tant que seule nation fondée par un soulèvement d’esclaves, pourrait bientôt être le premier pays à enregistrer un coup d’État non pas de soldats mutins, mais de gangsters de rue toxicomanes, peu éduqués et très dangereux. Haïti est aujourd’hui une catastrophe avec une pléthore de gangs lourdement armés, des enlèvements, une faim inhumaine et des infrastructures qui s’effondrent.
Ces dernières semaines, des gangs ont incendié et pillé la cathédrale nationale et deux palais de justice de la capitale. En raison de la violence des gangs, des milliers d’enfants haïtiens risquent de mourir de malnutrition aiguë si des soins thérapeutiques adéquats ne sont pas fournis, a averti l’UNICEF la semaine dernière. L’accès réduit aux services de santé, de nutrition, d’eau et d’assainissement de base en raison de l’escalade de la violence, associé à la flambée des prix des denrées alimentaires, à l’inflation et à l’insécurité alimentaire à Cité Soleil, laisse un enfant sur cinq souffrant de malnutrition aiguë
Les Nations Unies ont confirmé que plus de 470 personnes désespérément pauvres – y compris des enfants – ont été tuées, blessées ou ont disparu en moins d’une semaine lors des récentes guerres de gangs dans le bidonville de Cité Soleil. Le New York Times a rapporté qu’une mère de Cité Soleil, Jona Pierre, avait enterré les restes criblés de balles de sa fille d’un mois dans une boîte de crackers vide. C’était sa seule option. La sœur de Jona, Wislande Pierre, a déclaré au journal ; “Si c’est la vie, qu’est-ce que l’enfer ?”
L’une des gaffes de tous les temps de Biden est survenue en 1994 lorsqu’il a déclaré : “Si Haïti s’enfonçait tranquillement dans les Caraïbes ou s’élevait de 300 pieds, cela n’aurait pas beaucoup d’importance en termes de notre intérêt.” Après l’intervention militaire des États-Unis, une force écrasante en 1994, une opération massive de l’ONU mission de maintien de la paix 10 ans plus tard dirigée par le Brésil, plus des billions gaspillés en aide étrangère à la suite du tremblement de terre de 2010, presque personne au pouvoir – à Washington, Paris ou Brasilia – ne veut déployer à nouveau des bottes sur le terrain.