EDITORIAL Journal Explosioninfo
Le paradoxe de la rançon
Quand on habite dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, on se demande chaque jour que ferait-on si un membre de la famille ou un proche est kidnappé. Une question qui semble être normale dans un pays où les enlèvements crapuleux sont monnaie courante et l’État est inexistant.
En fait, l’insécurité qui prévaut à Port-au-Prince et ses environs, il y a de cela plusieurs années, ne fait que décapitaliser toutes les couches de la société haïtienne. Les familles et les proches vivant à l’étranger ne ratent aucune occasion pour demander comment faire pour vivre en Haïti notamment dans la zone métropolitaine.
Dans le département de l’Ouest le slogan est simple : chacun attend son tour ou l’espérance de vie est de 24h renouvelable. Avant, on pouvait fredonner avec l’Orchestre Tropicana d’Haïti « veye priye » mais compte tenu que même chez soi on n’est pas en sécurité le refrain devient « priye priye ». Donc, la prudence est de mise n’est plus une prescription. Les bandits nous traquent partout : dans les rues, à la maison, au travail et même dans les églises et ceci à n’importe quelle heure de la journée.
L’État qui devrait donner le ton en assurant la sécurité de son peuple brille par son silence et ne fait rien. Les citoyennes et les citoyens sont livrés à eux-mêmes dans une ville contrôlée par les gangs où personne n’est épargné. Dans ces pénibles circonstances, chacun se trouve dans l’obligation de penser quoi faire au cas où il serait victime d’un éventuel rapt.
La première chose à faire c’est de payer la rançon demandée. Une rançon, le plus souvent, que les familles haïtiennes ne possèdent pas. Pour répondre aux exigences des malfrats, les familles des victimes sont obligées de liquider tous leurs avoirs et de faire des prêts. En effet, après un éventuel cas de kidnapping, la famille de la victime se trouve automatiquement sans aucun revenu.
En ce sens, on donne tout ce qu’on possède et on fait des prêts qu’on ne sera probablement pas capable de payer durant le reste de notre vie. L’ironie des sorts, c’est qu'on contribue involontairement à enrichir et à donner plus de moyens aux bandits pour se procurer des munitions afin de terroriser la population. Quel paradoxe !
Face à la situation dépressive que vit le peuple Haïtien quotidiennement depuis belle lurette et ceci sans aucune lueur d’espoir à l’horizon, on finit par conclure que soit le gouvernement est dans une ingérence totale, soit il est de mèche avec ces groupes de terroristes.
Rwolds Augustin
arwolds17@hotmail.com
