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Les ultra-nationalistes dominicains se déchaînent contre des haïtiens de Juan-Bosh-Ville: Le gouvernement dominicain cède à la pression*
JUAN BOSH-VILLE, mardi 24 mai 2022– Le calvaire des haïtiens continue en République dominicaine.
Depuis bientôt une semaine, la petite ville dénommée Juan Bosh-Ville construite en mémoire de l’ancien président dominicain Juan Bosh (premier président dominicain élu démocratiquement en 1962 et déposé après quelques mois), est le théâtre d’une série d’opérations haïtiannophobe.
La semaine dernière, des travailleurs migrants haïtiens ont manifesté bruyamment pour exiger le paiement de leur salaire et dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et de vie dans le chantier de la Juan Bosh-Ville.
La manifestation a été sévèrement réprimée par les forces de l’ordre dominicaines qui ont essuyé des jets de pierres des protestataires en colère.
Depuis cet incident, sous la pression des groupes ultra-nationalistes et radicaux, les autorités dominicaines ont déclenché une opération de représailles contre les haïtiens, selon les défenseurs des droits humains.
Jeudi dernier, des unités d’élite de la police, de l’Armée et des agents de la direction de l’immigration dominicaine ont procédé à l’arrestation de 385 migrants dont des dominicains d’origine et des haïtiens vivant en situation régulière en République Dominicaine.
Deux-cent soixante-dix (270) d’entre eux ont été déportés en Haïti, selon les autorités dominicaines.
Dimanche dernier, des racistes dominicains ont manifesté contre la présence d’haïtiens à Juan Bosh-Ville où de nombreux ressortissants haïtiens sont, soit propriétaires de leurs propres résidences ou locataires.
Interrogé par journaliste, Roudy Joseph, défenseur des droits humains, déclare que des unités d’élite de la police, l’Armée dominicaine et des agents de l’immigration dominicaine effectuent des descentes des lieux chaque jour ou presque dans la petite ville de Juan Bosh encore en construction.
Mardi, M. Joseph a lui-même été arrêté alors qu’il se trouvait sur les lieux pour observer une opération conjointe des forces armées et de la police dominicaine pourchassant des haïtiens présumés illégaux. Ils arrêtent des haïtiens qu’ils entassent comme de la sardine dans des véhicules à la capacité très limitée et les déportent en Haïti.
Il a été libéré immédiatement après que ses papiers ont été minutieusement vérifiés et qu’il s’est identifié comme un militant des droits humains, confie-t-il.
Selon Joseph, les droits des dominicains d’origine haïtienne et des travailleurs migrants sont violés massivement ces derniers temps à Juan Bosh-Ville.
Il affirme que, contrairement aux protocoles existant, les migrants haïtiens sont parfois victimes de sévices corporels, de raquettes et de toutes sortes d’abus et de brutalité au moment de leur arrestation et de leur déportation.
Selon le militant des droits humains, cette vague de représailles entreprise par les autorités dominicaines, ‘’prétendument à l’encontre des sans-papiers haïtiens’’, ne concernerait pas seulement l’incident du jeudi 19 mai 2022.
C’est un problème récurrent en République Dominicaine. Chaque fois que le gouvernement est confronté à une crise, pour détourner l’opinion publique dominicaine, il a recours aux persécutions contre les haïtiens et fait monter la flamme nationaliste pour satisfaire les groupes xénophobes, accusant les haïtiens d’être à la base des problèmes sociaux dominicains, notamment le chômage, déclare Joseph ».
Il souligne que la ville fait face à des coupures fréquentes d’électricité ces dernières semaines. ‘‘Ce qui a soulevé le mécontentement des dominicains’’, soutient-il.
Joseph pense que ce problème d’énergie qui a provoqué des manifestations de colère des dominicains contre leur gouvernement pourrait être également un élément déclencheur de cette vague de persécution contre les haïtiens. Cela participe, dit-t-il, des manœuvres de diversion du gouvernement qui tente de calmer l’ardeur des dominicains peu satisfaits de l’action gouvernementale.
“Chaque fois, c’est comme ça et ce sont les haïtiens qui en font toujours les frais,” déplore-t-il.
Roudy Joseph se dit révulsé par l’ampleur de la situation en République Dominicaine où les droits des haïtiens sont violés systématiquement sans que le gouvernement d’Haïti, à travers ses représentants diplomatiques en territoire voisin, ne soulève aucune protestation auprès de son homologue dominicain.
« Personne ne nous assiste dans nos difficultés. Personne au niveau du gouvernement d’Haïti ou de l’ambassade d’Haïti en République Dominicaine ne dit mot. Nous sommes livrés à notre triste sort, nous comptons sur Dieu pour nous aider dans cette traversée du désert », déclare, désemparé, Roudy Joseph qui souligne qu’à part les groupes racistes, il n’y pratiquement pas un problème profond de cohabitation entre le peuple dominicain et les haïtiens.
Les haïtiens participent de manière considérable au progrès et à la prospérité de la République Dominicaine.
De nombreux entrepreneurs haïtiens, fuyant l’insécurité et l’instabilité en Haïti, investissent en République Dominicaine.
D’autres catégories d’haïtiens se sont établies là-bas soit pour travailler soit pour faire des études universitaires.
Un grand nombre de jeunes haïtiens sont scolarisés en République Dominicaine.
Les haïtiens sont présents quasiment dans tous les secteurs d’activité et la main d’œuvre haïtienne est un apport majeur à l’expansion du secteur immobilier dominicain qui emploie plus de 80% d’haïtiens.