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Alors que l’instabilité politique est persistante, l’inflation croissante et les catastrophes récurrentes, les niveaux de la faim augmentent sans cesse aussi à Haïti, a alerté mardi le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM)…
Port-au-Prince, mardi 22 mars 2022- « Haïti fait partie d’un « cercle de feu » qui entoure le monde où les chocs climatiques, les conflits, le Covid 19 et la hausse des coûts poussent les communautés vulnérables à bout », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Port-au-Prince, Pierre Honnorat, Représentant du PAM à Haïti.
La population d’Haïti souffre de niveaux très élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Selon estimations les plus récentes du Cadre intégré de classification de la phase humanitaire et de la sécurité alimentaire (IPC), quelque 4,5 millions d’Haïtiens (45 % de la population) devraient souffrir de la faim. Parmi eux, plus de 1,3 million seront probablement en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) entre mars et juin 2022.
Ce nombre devrait passer à 4,6 millions d’ici juin 2022 en raison d’un accès réduit aux denrées alimentaires de base alors que les revenus restent faibles et que les prix sont en hausse.
En outre, la fréquence et l’intensité des événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les inondations et les tempêtes, ont un effet néfaste sur les cultures, les infrastructures et les actifs agricoles, affectant les moyens de subsistance en milieu rural. La phase 4 de l’IPC se traduit généralement par une consommation alimentaire largement insuffisante des ménages.
Dans certaines situations, des familles parviennent à atténuer la gravité de l’insuffisance alimentaire, mais uniquement en recourant à des stratégies de subsistance d’urgence et au prix de leurs avoirs.
Finalement une telle situation se traduit par des niveaux préoccupants de malnutrition aiguë.
Pour certaines familles haïtiennes, la crise économique actuelle est caractérisée par un affaiblissement de la monnaie par rapport au dollar américain, une inflation galopante et une hausse des prix du carburant au cours des mois précédents. Cela a réduit le pouvoir d’achat de nombreux ménages pauvres, rendant inabordables des produits de base comme la nourriture.
De surenchère, la crise ukrainienne risque bientôt d’aggraver la sécurité alimentaire haïtienne. Avec des prix alimentaires mondiaux qui n’ont jamais été aussi élevés, le PAM estime que la guerre ukrainienne continuera probablement à avoir un impact négatif sur le pouvoir d’achat dans un pays fortement dépendant des importations.
Selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire, le coût mensuel du panier alimentaire minimum de base (riz, farine de blé, maïs, haricots, sucre et huile végétale) est passé de 20 dollars à 30 dollars. En deux ans, le prix du pain a été multiplié par cinq.
« Donc oui, nous nous attendons à un impact de la crise ukrainienne sur les populations haïtiennes », a fait valoir Pierre Honnorat.
Dans certaines zones du sud du pays où la réponse d’urgence était limitée, la situation s’est détériorée. D’une manière générale, les besoins humanitaires restent élevés en Haïti, où la partie sud du pays se remet d’un tremblement de terre dévastateur survenu en août et où la région nord subit les conséquences des fortes inondations de la fin janvier.
Face à cette urgence humanitaire, le PAM espère venir en aide à 1,7 million de personnes cette année. En 2021, le PAM a fourni de l’aide, y compris des rations alimentaires à emporter, à 1,3 million d’Haïtiens.
Parallèlement à ses interventions d’urgence, le PAM renforce la résilience des Haïtiens, la protection sociale nationale et les systèmes alimentaires, par le biais d’activités génératrices de revenus et des solutions de réduction des risques de catastrophes au niveau communautaire.
Ces interventions visent à renforcer la résilience économique des ménages vulnérables par la création d’actifs et à lutter contre l’insécurité alimentaire par la diversification des sources de revenus.
Les actifs communautaires comprennent la réhabilitation des routes, la conservation des sols et de l’eau, les canaux d’irrigation. Ils sont accompagnés d’activités complémentaires visant à renforcer la production alimentaire locale, les pratiques agricoles, la nutrition et à réduire les inégalités entre les sexes