Les 12 mesures pour la réforme du secteur de l’éducation réactivées
Environ 6 ans après son passage à la tête du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), Nesmy MANIGAT reprend en charge le secteur de l’éducation, fortement affecté après le séisme du 14 août 2021. Confiant pour la relance des grands chantiers, il réactive les 12 mesures qui doivent guider son action. La cérémonie de son installation s’est tenue, ce vendredi 26 novembre, au local de l’inspection générale de l’éducation en présence des cadres du MENFP et de nombreux acteurs et partenaires œuvrant dans le secteur.
C’est le ministre de l’Environnement, James CADET, qui a procédé à l’investiture du nouveau titulaire du MENFP, au nom du Premier ministre, Ariel Henry. Dans ses propos, le chargé de mission de la Primature a rappelé au ministre MANIGAT les attentes du chef du gouvernement qui mise sur son sens de l’Etat et son dynamisme afin de faire avancer les grands dossiers de l’Education. Il s’agit, selon lui, d’un pari fait en faveur de la jeunesse haïtienne qui a besoin de se former afin de pouvoir faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain tout en se donnant les moyens pour échafauder son avenir et vivre décemment dans le pays. Le ministre CADET promet de travailler en synergie avec son collègue de l’éducation pour faire avancer les dossiers liant les deux ministères, portant, entre autres, sur la question de l’environnement.
Le ministre CADET en a profité pour saluer la ministre sortante, Marie Lucie Joseph, pour tous les efforts déployés en vue de la reprise des activités scolaires, principalement dans le Grand Sud dévasté par le tremblement de terre du 14 août écoulé.
La cérémonie s’est déroulée au local de l’Inspection générale de l’Education nationale à Musseau, en présence, notamment, du ministre de la Justice, Berto Dorcé, du directeur général du MENFP, Dr. Meniol JEUNE, du directeur général du Fonds national de l’éducation (FNE), Joseph Frantz Nicolas, du directeur général de l’Institut national de formation professionnelle (INFP), Dikel Delvariste, du directeur général du Fonds d’entretien routier, , de la coordonnatrice du Programme national de cantines scolaires (PNCS), Djina Guillet DELATOUR, du représentant de l’UNICEF en Haïti, Bruno MAES, assurant la présidence du Groupe sectoriel de l’éducation (GSE), de directeurs techniques et départementaux du MENFP, des coordonnateurs de pôle, des cadres et membres du personnel de soutien du ministère ainsi que de plusieurs représentants de syndicats.
Expérience difficile, mais enrichissante
Dans son discours de circonstance, Marie Lucie Joseph reconnaît avoir été à la tête du MENFP dans un contexte difficile marqué par la détérioration de la situation socio-politique générale du pays, aggravée par le séisme du 14 août 2021 ayant entrainé de nombreux dégâts dans le Grand Sud du pays. Elle admet, malgré tout, avoir fait une expérience enrichissante durant les quatre mois passés à la tête du ministère. En ce sens, elle en a profité pour remercier le Premier ministre Ariel Henry qui lui a permis de servir le pays au plus haut niveau de l’Etat. Elle remercie également tous ceux qui lui ont apporté une collaboration franche et utile, au cours de son bref passage à la tête du MENFP, couronnement de ses 42 ans de service dans le secteur éducatif.
Elle dit saluer le retour de Nesmy Manigat aux commandes du ministère de l’Education nationale, un homme énergique qui a fait montre de ses compétences, affirme-t-elle, pour affronter des défis majeurs.
S’engager pour une grande cause
Lors de son intervention, Nesmy MANIGAT a exprimé sa joie de se retrouver parmi les siens afin de poursuivre le combat pour la cause de l’éducation. « Je suis de retour chez moi. C’est une occasion pour dire que les 12 mesures sont de retour en force, souligne-t-il. Montrant son parti-pris unique pour l’éducation, il affirme ne représenter aucun groupe politique particulier au sein de ce gouvernement. « S’il y a un groupe que je représente, ce ne sont autre que les parents d’environ 4 millions d’enfants scolarisés du système. Il faut les soulager », a déclaré Nesmy Manigat, avant de remercier le Premier ministre Ariel Henry pour la confiance placée en lui.
Nesmy Manigat dit tâter l’ampleur de cette mission dont les termes de référence interpellent le dévouement, l’intelligence, le dialogue social et l’envie d’améliorer l’offre éducative. Ne serait-ce que pour les deux dernières années, il rappelle comment le problème d’apprentissage s’est accru à cause de la permanence de la violence politique et des actes de grand banditisme ayant affecté bon nombre de districts scolaires, principalement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Rassurer les agents éducatifs
Se voulant rassurant, Nesmy Manigat dit être à l’écoute de tous les acteurs afin de trouver ensemble les pistes de solutions aux problèmes qui affectent le secteur éducatif. Il rassure les parents par des initiatives qui seront prises en vue de réduire l’impact du coût scolaire sur leurs bourses. Ceci sera fait à travers la reprise graduelle des programmes de distribution d’uniformes, de subvention et de dotation de manuels scolaires, indique-t-il.
Le dialogue avec les directeurs des écoles publiques et non publiques redeviendra permanent. Il en sera de même avec les partenaires techniques et financiers, et les enseignants. Il encourage les élèves et étudiants à ne pas négliger leurs études, malgré la situation du pays pouvant éroder la détermination la plus engagée. Aux employés du ministère, il réaffirme sa volonté d’œuvrer à l’amélioration progressive de leurs conditions de travail.
Le retour des 12 mesures
« Les 12 mesures sont de retour », souligne Nesmy Manigat qui avait présenté officiellement, le 8 août 2014, ces dispositions visant la refondation du système éducatif haïtien lors de son premier passage à la tête du MENFP (2014-2016). Ces dispositions reviennent avec tous les avantages offerts aux agents éducatifs, mais aussi avec toutes les exigences qui ambitionnent de mettre plus de qualité dans l’éducation haïtienne ; qu’ils s’agissent de la Carte avantage enseignant, de la Carte d’identité d’établissement ou du Permis provisoire d’enseigner, entre autres.
Les zones d’actions prioritaires
A la suite d’échanges avec le Premier ministre Ariel Henry, et au-delà de la poursuite des réformes en cours et de la mise en œuvre du Plan décennal d’éducation et de formation (PDEF), le ministre Nesmy Manigat se propose de concentrer ses initiatives dans trois zones d’actions prioritaires :
- le Grand Sud dévasté par le séisme du 14 août ; région qui exige la mobilisation d’efforts plus soutenus et pour lesquels l’Etat, la société civile haïtienne et la communauté internationale doivent travailler dans une parfaire synergie ;
- les zones de non droit gangrenées par le grand banditisme empêchant aux enfants d’aller à l’école. Ceci en violation de leur droit à l’éducation en toute circonstance. « L’école doit pouvoir fonctionner partout et en toutes circonstances » « Lekòl pa ka tann », selon lui, afin de ne pas continuer à élargir le fossé entre les citoyens d’un même pays, insiste-il.
- la zone frontalière qui nécessite l’installation de plus d’infrastructures scolaires afin de retenir les enfants haïtiens qui sont contraints d’aller, pas toujours en toute quiétude, en territoire voisin pour avoir accès au service scolaire de base.
Dans cette feuille de route, une mention spéciale sera accordée à l’éducation au développement durable et à la citoyenneté, selon Nesmy Manigat qui dit miser sur la collaboration de tous les agents éducatifs pour pouvoir mener à bien sa mission en réitérant son slogan « Lekòl pa ka tann », qui interpelle la conscience citoyenne de toutes et de tous.
Bureau de communication/MENFP