Avocats, prenez garde !
Pourquoi la profession d’avocat est si exigeante ?
Par Evens Fils, av.
Ouanaminthe, le 17 octobre 2021.
Tout d’abord, il est universellement admis que la profession d’avocat est l’une des plus prestigieuses professions au monde. Cependant, beaucoup ignorent les exigences de cette noble profession. Le métier d'avocat est très exigeant. Il faut donc faire preuve de nombreuses qualités. Un avocat est avant tout un bon orateur et un homme très cultivé qui se met constamment à l’étude, même après 40 ans de carrière. La parole est son arme. Il doit convaincre son auditoire en usant d'argumentation et de logique. Il doit aussi avoir une forte capacité d'analyse et un esprit de synthèse développé. Son courage devant les dangers est incontestable. Ces exigences exposent l’avocat à bon nombre de risque:
1. La dépression
La dépression est caractérisée par des troubles du sommeil ou de l'appétit, d'une sensation de fatigue, d'un manque de concentration, des troubles mentaux parfois difficilement détectables, la perte d'intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi. Tout cela est souvent le résultat du poids du dossier d’un client. Un lourd fardeau ! En 2010, selon la présidente de la Conférence Nationale des Barreaux/Paris, Me Karine Mignon-Louvet, la profession d’avocat était l’une des plus stressées et que les chiffres des dépressions et autres maladies conséquentes (AVC, cancers…) étaient en forte hausse. Hélas, les avocats vont commencer sérieusement à se préoccuper de la gestion de leur stress lorsque leur corps aura parlé. Plus on est dans un monde où le niveau d’intelligence requis est élevé, plus on est dans le mental, plus on est coupé de son corps. La dépression, les divorces fréquents et le suicide sont des faits communs parmi les avocats. En France, en 2013, une enquête réalisée par le Village de la Justice révèle que 89 % des avocats se sentent stressés et 40 % vont jusqu’à déconseiller ce métier aux jeunes personnes en raison de son caractère anxiogène. Aux Etats-Unis, certains avocats se suicident, rapporte le CNN dans un documentaire.
2. Trop de travail
Les dossiers s’accumulent avec la lenteur du système judiciaire. Les dates augmentent le battement des cœurs. Les actes d’huissier sont surprenants et donnent de la frisson. Sous la menace des erreurs fatales, les formalités irritantes terrorisent les plaideurs. Les délais sont les ennemis farouches des procéduriers. Une adversité sauvage, tandis que le client dort en paix ! Du procès civil au procès pénal en passant par un contentieux administratif, l’avocat doit traiter une tonne de dossiers les uns plus compliqués que les autres. Avant d’entrer dans l’arène pour affronter, celui-ci a deja passé des nuits blanches pour affronter son contradicteur et arracher la victoire tant attendue par son client. Ainsi, l’avocat militant conséquent qui ne développe qu’une relation professionnelle avec les magistrats, nécessite en moyenne 10 à 12 heures par jour afin de pouvoir consulter des dizaines d’ouvrages dans l’étude d’un seul dossier.
3. Pression des clients
Au début du procès, l’avocat est un Messie. A la fin d’un procès réussi, l’avocat est le méchant qui dépouille le client de son patrimoine. Le client revendique satisfaction et souvent refuse d’en payer le prix. Pour le client, l’avocat a une obligation de résultat et s’en moque de l’obligation de moyen prônée par les juristes. Les clients demandent de plus en plus, pour de moins en moins d’argent. Les tâches doivent être accomplies à moindre frais, rapidement et efficacement. Aussitôt les honoraires versés, aussitôt le client doit voir les résultats de son avocat comme si celui-ci détenait une baguette magique pour extirper les 10 années d’erreur de son client. Si vous n’avez pas envie de devoir continuellement discuter de vos honoraires avec vos clients, alors le métier n’est pas fait pour vous, a dit l’autre.
4. Mauvaise image
En effet, l’exercice de la profession d’avocat est créatrice d’inimitié. Dans un procès, en général, une partie doit perdre, l’autre doit gagner. Quand ce ne sont pas les adversaires des clients qui s’en prennent à l’avocat, ce sont les clients eux-mêmes qui voient en l’avocat le diable à abattre. Si la doctrine enseigne que l’avocat n’est jamais en cause, pour le client, l’avocat est toujours en cause. Si l’avocat n’avait pas plaidé, la partie n’aurait pas gagné, chuchote l’adversaire. Alors, les avocats ont un constant problème d’image et figurent parmi les personnes les plus détestées. L’avocat est un voleur qui dépouille le citoyen sans raison, telle est la perception du justiciable quand son procès n’est pas gagné sans frais ou à frais réduits.
Conclusion
Fort de toutes ces raisons, l’avocat doit se consacrer qu’ à sa profession, outre ses heures de détente et sa vie personnelle. Il doit comprendre que sa profession se diffère de celle du commerçant en raison du dévouement qu’elle exige, à l’instar d’un sacerdoce, sous la gouverne de l’intérêt général et le bien-être social.
Par Evens Fils, av.
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Ouanaminthe, le 17 octobre 2021.